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AA N’EST PAS LE REMÈDE UNIVERSEL
Ce serait pure vanité de prétendre que le mouvement des AA peut guérir tous les maux, même l’alcoolisme.
RÉFLEXIONS DE BILL, P. 285
Les premières années où j’étais abstinent, j’étais rempli de vanité et je croyais que les AA offraient la seule thérapie pouvant mener à une vie belle et heureuse. Le mouvement a vraiment été l’instrument de ma sobriété et, encore aujourd’hui après plus de douze ans, je continue de participer aux réunions, au parrainage et au service. Néanmoins, pendant mes quatre premières années de sobriété, j’ai dû recourir à une aide professionnelle parce que ma santé émotive était très défaillante. Il y a aussi ceux et celles qui ont trouvé la sobriété et le bonheur grâce à d’autres associations. Les AA m’ont appris que je n’avais qu’un seul choix : prendre tous les moyens pour favoriser ma sobriété. Le mouvement des AA n’est peut-être pas le remède universel, mais il est le centre de ma vie sans alcool.
Les AA : Un Pilier Central, Mais Non Exclusif, du Rétablissement
Dans le parcours sinueux du rétablissement de l'alcoolisme, la sagesse réside souvent dans la reconnaissance des limites et des complémentarités. La réflexion partagée dans le recueil "Réflexions quotidiennes" des Alcooliques Anonymes aborde cette vérité fondamentale :
"Ce serait pure vanité de prétendre que le mouvement des AA peut guérir tous les maux, même l'alcoolisme."
L'humilité au cœur du rétablissement
Cette citation de Bill W., cofondateur des AA, s'inscrit dans une tradition d'humilité qui caractérise l'esprit authentique du mouvement. Paradoxalement, c'est cette reconnaissance des limites qui fait la force durable des AA depuis plus de 85 ans. Le témoignage personnel qui accompagne cette citation illustre parfaitement cette vision nuancée : un membre avec douze années d'abstinence reconnaît que, malgré son attachement profond au mouvement, il a dû recourir à une aide professionnelle pendant ses premières années de sobriété.
Au-delà du "tout ou rien"
L'un des pièges dans le parcours de rétablissement est de tomber dans une vision binaire du monde. L'auteur de la réflexion admet avoir d'abord cru que "les AA offraient la seule thérapie pouvant mener à une vie belle et heureuse." Cette conviction dogmatique, fréquente chez les nouveaux membres enthousiastes, fait progressivement place à une compréhension plus mature des multiples chemins vers la guérison.
Cette évolution intellectuelle et émotionnelle est précieuse car elle permet d'éviter deux écueils majeurs :
- Le rejet catégorique d'autres approches potentiellement bénéfiques
- La culpabilité ou le sentiment d'échec lorsque le programme des AA à lui seul ne suffit pas
La complémentarité des approches thérapeutiques
La réflexion met en lumière la valeur de combiner différentes ressources dans le parcours de rétablissement. Pendant quatre années, l'auteur a complété sa participation aux AA par un suivi professionnel pour traiter sa "santé émotive très défaillante." Cette approche multidimensionnelle reconnaît que l'alcoolisme affecte l'individu dans sa globalité - physiquement, mentalement, émotionnellement et spirituellement.
Les recherches contemporaines en addictologie confirment l'efficacité des approches combinées. Le rétablissement peut être soutenu par :
- Les groupes d'entraide comme les AA
- La thérapie cognitive-comportementale
- La psychothérapie individuelle
- La médication dans certains cas
- Des pratiques complémentaires comme la méditation ou le yoga
- Le soutien familial
Respect des parcours individuels
"Il y a aussi celles et ceux qui ont trouvé la sobriété et le bonheur grâce à d'autres associations." Cette phrase témoigne d'une ouverture d'esprit essentielle. En reconnaissant la validité d'autres chemins vers la sobriété, l'auteur transcende toute tentation de sectarisme et incarne l'esprit d'inclusion (en opposition à l'exclusion... faut tout expliquer m'enfin...) qui caractérise idéalement les AA.
Cette posture rappelle que le but ultime n'est pas l'adhésion à une méthode particulière, mais bien le rétablissement de la personne.
Engagement personnel et responsabilité
"Les AA m'ont appris que je n'avais qu'un seul choix : prendre tous les moyens pour favoriser ma sobriété." Cette affirmation souligne la responsabilité personnelle au cœur de tout processus de rétablissement durable.
Les AA peuvent offrir des outils, une communauté et un cadre spirituel, mais c'est à chaque individu que revient la tâche quotidienne de mettre en œuvre les principes et les pratiques nécessaires à sa sobriété.
Cette responsabilisation constitue un défi permanent, mais aussi une source d'engagement. Elle implique souvent :
- Une évaluation honnête des besoins personnels
- La volonté de sortir de sa zone de confort
- L'ouverture à diverses formes de soutien
- La persévérance face aux obstacles
Équilibre entre centralité et exclusivité
La conclusion de la réflexion offre une nuance importante : "Le mouvement des AA n'est peut-être pas le remède universel, mais il est le centre de ma vie sans alcool." Cette distinction entre "centralité" et "exclusivité" est fondamentale. Pour de nombreux membres des AA, le programme constitue effectivement la colonne vertébrale de leur rétablissement, même lorsqu'ils intègrent d'autres ressources dans leur parcours.
Cette centralité peut se manifester par :
- Une participation régulière aux réunions
- L'engagement dans le service
- La pratique des Douze Étapes
- Le parrainage donné et reçu
- L'intégration des principes AA dans la vie quotidienne
Vers une vision du rétablissement qui prend tout en compte
La sagesse contenue dans cette réflexion quotidienne nous invite à une approche du rétablissement à la fois enracinée et ouverte.
Enracinée dans les principes éprouvés des AA qui ont transformé d'innombrables vies depuis 1935, mais ouverte aux multiples ressources et chemins qui peuvent compléter et enrichir ce parcours.
Cette perspective équilibrée permet d'honorer la tradition des AA, tout en reconnaissant l'évolution constante des connaissances sur l'addiction et le rétablissement.
Elle nous rappelle que dans ce chemin exigeant vers la sobriété, l'humilité collective et individuelle reste peut-être notre plus précieux guide.